Egalité professionnelle : elles font bouger les lignes dans le secteur énergétique [1/2]

Date de publication : 4 mars 2025

Chaque 8 mars, la journée internationale des droits des femmes est l’occasion de mettre en lumière les avancées et les défis qui subsistent en matière d’égalité professionnelle. Dans le secteur énergétique, des femmes engagées et passionnées contribuent chaque jour à faire évoluer les mentalités et à enrichir leur environnement professionnel. A cette occasion, nous avons interviewé Veronika Milewski, CEO de RTE international.

 

Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?

 

Depuis plus de 20 ans, mon parcours dans le secteur de l’énergie s’est toujours inscrit dans une dimension internationale, avec des expériences variées en management, finance et analyse de marchés. J’ai débuté chez EDF, dans le pilotage de la filiale allemande EnBW, avant d’explorer différents rôles, notamment en M&A sur des transactions internationales. Par la suite, j’ai évolué vers les affaires institutionnelles européennes, en me consacrant aux enjeux d’influence et de lobbying à Bruxelles. Il y a un peu plus de trois ans, j’ai rejoint RTE sur les affaires institutionnelles européennes avant de prendre la direction de RTE international.

 

Quel a été ton plus grand défi en tant que leader, et comment l’as-tu surmonté ?

 

Le plus grand défi, c’est celui du quotidien. Ce n’est pas un enjeu ponctuel, mais un équilibre à construire tout au long de sa carrière : réussir à concilier une vie professionnelle épanouissante, une vie familiale harmonieuse et une vie sociale. Trois vies à concilier en une seule, alors que les journées n’ont que 24 heures.

 

Selon toi, quelles sont les qualités essentielles pour bien diriger une entreprise aujourd’hui ?

 

Je dirais que la vision est primordiale. Il est essentiel d’avoir une idée claire de la direction que l’on souhaite donner à l’entreprise, tout en possédant une sensibilité psychologique pour « sentir » ses équipes et les guider vers cet objectif. Enfin, le troisième axe est le travail : il faut être prêt à investir des efforts considérables pour diriger une entreprise. C’est un véritable engagement.

 

Quel conseil donnerais-tu aux femmes qui aspirent à des postes de direction ?

 

Je conseillerais de suivre ses aspirations. Si l’on souhaite occuper un poste à responsabilité, osons et donnons-nous les moyens d’y parvenir. Cela demande de l’engagement et de l’assiduité, mais il est essentiel de persévérer malgré les difficultés. Au bout du chemin, l’épanouissement est à la hauteur de l’investissement consenti. Il faut croire en ses rêves, cela en vaut la peine.

 

Comment perçois-tu l’évolution de l’égalité femmes-hommes en entreprise et plus largement dans la société ?

 

Je pense que des progrès ont été réalisés et continuent de se produire. En adoptant une perspective optimiste, la situation s’améliore. Le télétravail, en particulier, a favorisé une gestion plus souple entre vie professionnelle et vie personnelle, bénéficiant à chacun. Cela dit, en regardant les choses de manière plus critique, il reste encore beaucoup à accomplir. Des dynamiques profondément ancrées dans notre société freinent encore les avancées en matière d’égalité. Dans les entreprises et au sein des instances de pouvoir, la proportion de femmes décisionnaires est toujours inférieure à celle des hommes.

 

Selon toi, quel est le préjugé le plus tenace sur les femmes dans le monde professionnel, et comment peut-on le déconstruire ?

 

Je pense que le préjugé le plus ancré concerne le management. Le style de gestion féminin se distingue souvent du modèle masculin traditionnel de leadership. Ce préjugé peut donner l’impression que ce style est moins affirmé, alors qu’il s’agit d’une approche différente, peut-être plus collective, capable d’atteindre des résultats équivalents. Il est essentiel de reconnaître un leadership qui ne se limite pas aux codes de la virilité ou de l’autorité conventionnelle.

 

Pour déconstruire ce préjugé, il est crucial de promouvoir davantage de femmes à des postes de direction. Avec le temps, les employés et les autres dirigeants pourront observer les avantages d’une diversité dans le leadership, adaptée à des contextes variés. C’est en côtoyant au quotidien des styles de leadership différents que nous pourrons réellement faire évoluer les mentalités.

 

Si tu pouvais changer une chose dans le monde de l’entreprise pour favoriser la réussite des femmes, ce serait quoi ?

 

Les femmes devraient avoir les mêmes niveaux d’exigence que les hommes. Actuellement, pour réussir en tant que femme, il est souvent nécessaire de faire preuve d’une grande détermination, tandis que les attentes ne sont pas toujours équivalentes pour les deux sexes.

 

Comment perçois-tu cette journée du 8 mars ? 

 

Je trouve que c’est un peu comme la Saint-Valentin, c’est-à-dire qu’on se demande « pourquoi une seule journée pour l’amour ? » alors qu’on s’aime toute l’année. Néanmoins, ça marque le coup, ça oblige à prendre un temps d’arrêt sur la position de la femme. Je trouve cette journée assez utile pour ce sujet de société important. Le jour où nous n’aurons plus besoin d’inscrire cette journée au calendrier, nous aurons parcouru bien du chemin !